Un de mes confrères lui trouvait un air de berger perdu dans sa barbe, conduisant, plutôt, flânant son troupeau de moutons vers quelqu'alpage.
Qu’on ne s'y trompe pas pourtant. Sous ses airs farfelus, Paul Timper est un maître peintre issu d'une bonne couvée. Né en 1937, il commence très jeune des études à Boitsfort avec Fernand Wery et Roger Somville qu'il parachève à l'Académie de Bruxelles auprès du bon et libre maître
Des cartons de tapisseries, solides, hauts en couleur lui font en 1958 décrocher le prix Koopal.
Eut-il jamais l'occasion d'en tisser ? J'en doute. Que de jurys frileux, timides si on ne leur oppose pas poigne et pugnacité. Il réalise néanmoins plusieurs œuvres murales à la Cité Floréal de Boitsfort (architecte Jh. Eggerickx), au Palais de Justice de Charleroi entre autres ainsi qu'une haute fresque aux acryliques au sein du bâtiment de l'administration francophone de la culture à Bruxelles. Céramiste, il enseignera longtemps à Boitsfort et participera à l'Atelier de Dour à partir des années 60, où il renouvelle quelque peu les thèmes et les couleurs.
Mais le céramiste ne devrait pas faire ombre au peintre, au dessin solide, à la couleur chatoyante et qui ne manque ni de souffle, ni d'imagination, abordant aussi bien quelques thèmes rudes, la tonte des moutons, les abattoirs ou quelque faunesque et érotique musarderie.
Réaliste, mais en poète, s'il a fait partie du mouvement du même nom, il y apporte souvent un grain de folie buissonnière. Ce qui ne l'empêchera jamais de se révéler homme de métier, artisan sérieux et à la hauteur lorsqu’il participa avec le CAP (Collectif d'Art Public) aux grands travaux muraux du métro Hankar ou de Louvain-La-Neuve.
Jean CIMAISE (Goldmann)
Peintre et critique d'art (AICA)