Inconsciemment et émotionnellement, Paul Timper se sentait proche de nombreux artistes.
A 18 ans, la lecture du livre d’Irving Stone, « La Vie passionnée de Vincent Van Gogh », sera l’élément déclencheur de sa vocation de peintre. Il s’inscrit à l’Académie de Bruxelles, puis à l’Académie de Watermael-Boitsfort, où son professeur Fernand Wéry sera le guide qui lui ouvrira les yeux.
« La peinture est l'art de la suggestion » lui disait-il, et Paul Timper ressentira son premier choc émotionnel devant la « Conjuration de Julius Civilis » de Rembrandt, lors d’une exposition à Amsterdam : « Il y avait quelque chose d'inexprimable, une émotion mystérieuse et une lumière étonnante, une certaine forme de mysticisme, de la magie pure qui dépasse la peinture ».
Il admirait également les portraits de Rubens, dont il appréciait leur sensualité voluptueuse et plus particulièrement leur force, une qualité qu’il retrouvait dans l’œuvre de Géricault. Cette dernière incarnait pour lui la puissance de l'instant, à l’instar du cheval cabré et fougueux que l’artiste romantique a magistralement évoqué dans ses compositions les plus célèbres.
Cézanne l’avait particulièrement marqué par sa détermination à faire correspondre l’expressivité du contenu à la puissance de la forme. Son œuvre, par son objectif de briser les règles et normes académiques, ses paysages si parlants et sa couleur si vivante, lui enseignèrent l’importance d’assurer cette adéquation de la manière la plus picturale qui puisse.
Il admirait Gauguin pour son style primitif et ses couleurs prodigieuses, et Ensor pour sa liberté, son monde sarcastique, surréel, insolent. Paul Timper était fasciné par l’artiste qui poursuit sa propre vision, se détache de l'académisme et dénonce les injustices de son temps.
De Picasso il a surtout retenu la richesse du parcours, l’inventivité et la spontanéité, la maîtrise de la forme artistique dans sa totalité, et le génie talentueux.
Les muralistes mexicains Rivera et Siqueiros l’ont inspiré par la dimension collective de leur art, qui se devait d’être abordable, à même d'être compris par tous, et non plus réservé à une élite. Leur aspiration à voir l’art investir la vie réelle, la rue, les endroits publics, refléter leur lutte dans la société et faire valoir leurs traditions ancestrales a profondément influencé Paul Timper dans son œuvre murale.
Bacon enfin l’a marqué par sa vision métamorphique de la création, la force de sa couleur et la prégnance tragique de ses compositions.
Tous ces peintres, et bien d'autres encore, parfois moins connus, ont eu un impact sur son langage pictural. Sans qu’il ait eu à renoncer à sa liberté, ils l'ont amené à trouver l'équilibre entre la forme et la couleur, équilibre qu’il a exprimé avec puissance et sans complaisance.